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Max Rebotier: une star de la photo à la 30ème édition de photoreportage amateur de Perpignan

Que de talents à Vierzon, car ils sont cachés, on dirait même qu’ils cultivent tous un certain art de vivre fait à la fois de passion et et de discrétion. Nous sommes allés à la rencontre d’une star de la photo, un vierzonnais d’adoption, qui nous a emporté vers un monde de découvertes et de voyages. Max Rebotier travaille à Vierzon, vit à Vierzon et passe tous ses moments de loisir à parcourir le monde afin de capter un moment unique qui sera figé sur un cliché unique et plein d’émotion. A Perpignan une photo « emblématique » sera visible partout dans la ville pour officialiser, représenter le 30ème Festival photoreportage amateur. Le parrain de cet événement: Yann Arthus Bertrand!

 

Éleveurs mongols

LE FESTIVAL OFF PERPIGNAN

C’est le festival Off qui accompagne Visa pour l’image, un des plus grands festivals internationaux de photojournalisme.

Visa pour l’image est réservé aux professionnels et le Festival Off, aux photographes amateurs.

Ce Festival Off est organisé par la CCI des Pyrénées-Orientales. Cette année, c’était sa 30e édition. Environ 120 exposants y ont participé et son parrain était Yann Arthus Bertrand.

J’ai eu la chance et l’honneur qu’une de mes photos ait été sélectionnée pour illustrer l’affiche, parmi les quelque 2 000 photos exposées.

LA PHOTO DE L’AFFICHE

Dans une ambiance bon enfant, on peut admirer des sculptures de glace, participer à des compétitions amicales de tir à l’arc, de patinage, de tir à la corde et même à des versions mongoles de curling et de volley.

On peut aussi assister à des courses de traîneaux, comme celui que vous voyez sur l’affiche.

Cette photo représente en effet un éleveur nomade qui s’apprête à transporter des visiteurs sur le lac Khӧvsgӧl. Et oui, j’ai bien dit sur le lac et non sur les bords du lac Khӧvsgӧl, car ses eaux sont gelées durant environ quatre mois par an, comme celles de son grand frère sibérien russe, le lac Baïkal, situé à une centaine de km de lui. À cette période, la glace est si épaisse que les voitures et même les fourgons soviétiques UAZ de la police locale y circulent. Nous-mêmes avons parcouru plus de 60 km sur le lac. [Cependant, la prudence reste de mise ; j’ai vu à la télévision à la fin de notre séjour une voiture qui avait piqué du nez dans la glace, mais je ne pense pas que ce soit à cet endroit.]

  1. La diversité des peuples nomades de cette région

J’aimerais tout d’abord attirer votre attention sur les Tsaatans, qui sont une des plus petites ethnies au monde. Il n’en resterait aujourd’hui qu’une 40aine de familles, soit environ 200 nomades, qui perpétuent le mode de vie de leurs ancêtres, avec un bilan carbone proche de zéro et un vivre ensemble qui ferait rêver notre parrain.

Il y a aussi des Darkhads qui, eux, sont plus nombreux (environ 16 000)

et même quelques Kazakhes.

Ce qui est passionnant, c’est que le mode de vie de ces éleveurs est entièrement déterminé par les animaux qu’ils élèvent :

  • Les Tsaatans élèvent des rennes (d’où leur nom : tsaa veut dire rennes et tan signifie peuple en mongol, mais eux-mêmes préfèrent se nommer de façon moins péjorative les gens de la Taiga). Sachant que les rennes se nourrissent de lichens, ces nomades doivent donc vivre dans la taïga sous des tipis, qui sont de simples branchages recouverts d’une bâche. Ils ne peuvent bien sûr pas avoir de voiture, mais se servent de leurs rennes comme moyen de transport.
  • Les Darkhads quant à eux élèvent les autres « museaux », comme ils les appellent : des chevaux, des vaches, des yaks, des moutons ou des chèvres cachemires (rappelons que la Mongolie est le 1er producteur mondial de laine cachemire). Ces animaux se nourrissent d’herbe. Ces nomades vivent donc dans les steppes, sous des yourtes plus confortables, qu’ils peuvent transporter sur leurs 4×4 lors des transhumances.

  • Le lien presque fusionnel qui existe entre ces éleveurs nomades et leurs animaux.

Malgré ces différences et dès leur plus jeune âge, un point commun unit ces peuples : qu’ils soient Tsaatans ou Darkhads, tous vivent en communion avec leurs bêtes. Les enfants apprennent à monter presque avant de marcher, ces éleveurs chouchoutent leurs animaux, les protègent des loups et les considèrent comme leur trésor. Ce n’est pas un hasard s’il est inscrit dans la Constitution mongole que « le bétail est une richesse de la nation et doit être protégé par le gouvernement » !

Pour l’illustrer, chacune de mes photos représente un nomade avec l’un de ses chevaux ou de ses rennes.

  • Leur résilience face à un environnement hostile

Cependant, leur quotidien est soumis à des conditions climatiques extrêmes. Lors de mon séjour, la température est descendue jusqu’à -38 °C. Ils ont malheureusement subi cet hiver ce qu’ils appellent un dzud (cad la mort massive des animaux) : près de 7 millions d’animaux sont morts de faim et de froid. Ce désastre a été causé par d’importantes chutes de neige début novembre 2023, suivies d’un redoux qui l’a faite fondre, puis aussitôt d’un grand froid (avec des températures < -40°C) qui a formé une épaisse couche de glace, elle-même recouverte d’une épaisse couche de neige, de décembre à fin mars, empêchant les animaux de se nourrir. (Le Monde, le 29.04.24)

Malgré ces conditions difficiles, j’ai été frappé par la résilience dont font preuve ces peuples. Ces nomades restent très attachés à leur culture et au nomadisme, qui leur procure un sentiment de liberté. [J’ai pris beaucoup de photos en Mongolie, qui montrent une joie de vivre incroyable, notamment chez les Tsaatans.

Un ancien épisode de Rendez-vous en terre inconnue, tourné chez les Tsaatans, en rend parfaitement compte.]

Pourtant, il faut reconnaître que le nomadisme décline rapidement en Mongolie, ceci pour plusieurs raisons :

  • Les épisodes climatiques qui déciment les troupeaux et ruinent de nombreux éleveurs
  • L’attrait des études et du mode de vie occidental à Oulan Bator
  • L’influence des réseaux sociaux, qui ont atteint même ces régions reculées de Mongolie.

Beaucoup quittent la taïga ou les steppes pour aller rejoindre les bidonvilles d’Oulan-Bator, dans l’espoir d’une vie meilleure. Malheureusement, cet espoir est souvent déçu, comme l’a si bien montré l’excellent film mongol « Si seulement je pouvais hiberner« , qui a ému le festival de Cannes en 2023, où il a obtenu 2 nominations (Un certain regard, Camera d’or).

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